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Sur l'État islamique en Syrie et un colonel israélien pris le pantalon sur les chevilles avec l'État islamique.

Sur l'État islamique en Syrie et un colonel israélien pris le pantalon sur les chevilles avec l'État islamique.

New Eastern Outlook
25 Novembre, 2015
Traduction par Jean-Maxime Corneille, article exclusif initial pour le magazine en ligne “New Eastern Outlook” 

Ce n'était vraiment pas censé se passer comme ça. Il semble qu'un militaire israélien avec le grade de colonel ait été « pris le pantalon sur les chevilles avec l'État islamique ». Par cela, je veux dire qu'il a été trouvé au milieu d'un troupeau de terroristes du soi-disant État islamique (ou EEIL ou Daech, selon votre préférence), qui ont été capturés par l'Armée irakienne. Lors de son interrogatoire par le Renseignement irakien, il a apparemment révélé beaucoup de choses sur le rôle de l'Armée israélienne de Netanyahu au soutien de l'État islamique.

En octobre dernier, une agence d'information iranienne, citant un officier supérieur du Renseignement irakien, a rendu compte de la capture d'un colonel de l'Armée israélienne, du nom de Yusi Oulen Shahak, rapporté comme étant lié au bataillon de l'État islamique "Golani", opérant en Irak sur le front Salahuddin. Dans une déclaration à Fars l'Agence semi officielle iranienne, un commandant de l'armée irakienne a déclaré : « les forces de sécurité populaire ont retenu captif un colonel israélien ». Il a ajouté que le colonel des Forces de Défense Israéliennes [IDF] « avait participé à des opérations du groupe takfiri État islamique ». Il a rapporté que le colonel fut arrêté aux côtés d'un certain nombre de terroristes de l'EI ou de l'EEIL, donnant des détails : « le nom du colonel est israélien est Yusi Oulen Shahak, il a pour grade colonel au sein de la brigade Golani ... avec le matricule militaire de sécurité Re34356578765az231434.1»

Pourquoi Israël?

Depuis le début de la campagne de bombardements russes très efficaces contre les cibles sélectionnées de l'État islamique en Syrie depuis le 30 septembre, de nombreux détails ont été mis en lumière pour la première fois à cette intensité, concernant le rôle très sale non pas uniquement de Washington, mais aussi d'autres membres de l'OTAN comme la Turquie du présidents Erdogan, ainsi que du Qatar et d'autres Etats affidés.

Il devient de plus en plus clair qu'au moins une faction au sein de l'Administration Obama, a joué un rôle très sale en coulisse en soutenant l'EI, afin de promouvoir la destitution du Président syrien Bachar al Assad, et de paver la voie au chaos et à la destruction dans le plus pur style libyen, qui ferait alors passer la crise actuelle des réfugiés syriens en Europe, pour un simple échauffement en comparaison de celle qui surviendrait alors.

Cette « faction pro-EI » à Washington, inclut ceux que l'on appelle les néo-conservateurs, centrés autour de l'ancien patron de la CIA disgracié, docile exécuteur de la "poussée" irakienne, le général David Petraeus. Elle comprend également le général américain John R. Allen, qui depuis Septembre 2014 avait servi comme envoyé spécial du Président Obama concernant la Coalition internationale visant à contrer l'EEIL (État islamique), et quand elle était au pouvoir, elle comprenait aussi la Secrétaire d'État Hillary Clinton2.

De façon significative, le général John Allen, défenseur incessant d'une zone d'exclusion aérienne [No Fly Zone] à l'instigation des États-Unis, à l'intérieur de la Syrie le long de la frontière turque, ce que le président Obama a refusé, a été relevé de ses fonctions le 23 octobre de cette année. Ce fut peu après le lancement des frappes russes hautement efficaces contre les terroristes de l'État islamique en Syrie ou du Front al-Nusra conssidéré comme affilié à Al Qaïda, des frappes qui ont changé du tout au tout la situation géopolitique de la Syrie, mais également du Moyen-Orient.

Des rapports de l'ONU qui citent Israël.

Que le Likoud de Netanyahu et l'Armée israélienne travaillent en étroite collaboration avec les faucons de guerre néoconservateurs de Washington est déjà en soi un fait établi, de même que l'opposition véhémente du Premier ministre Benyamin Nétanyahou à l'accord nucléaire de Obama avec l'Iran. Israël considère le groupe militant islamique chiite soutenu par l'Iran, le Hezbollah basé au Liban, comme son ennemi juré. Le Hezbollah a combattu activement aux côtés de l'Armée syrienne contre l'État islamique en Syrie. Or les "bombardements" du général Allen contre l'État islamique, depuis qu'il fut chargé de cette opération en septembre 2014, loin de détruire l'État islamique en Syrie, n'avaient fait qu'étendre son contrôle territorial dans le pays3, comme le Ministre des Affaires Etrangères Lavrov ainsi que le Président russe Poutine n'avaient cessé de le souligner. A présent il est devenu clair que c'était précisément l'intention [ou le mandat] de Allen et de la faction belliciste de Washington.

Depuis au moins 2013, les militaires israéliens ont aussi bombardé ouvertement ce qu'ils considèrent comme des cibles du Hezbollah à l'intérieur de la Syrie. Des investigations ont révélé qu'en fait Israël frappait des cibles militaires syriennes ainsi que du Hezbollah, qui étaient en train de combattre vaillamment contre l'État islamique et les terroristes du front Al Nusra affilié à Al Qaïda. De fait, Israël a ainsi effectivement aidé l'État islamique, au même titre que le campagne de bombardements "anti-EEIL" du général John Allen4.

Qu'une faction au sein du Pentagone ait pu travailler secrètement dans les coulisses afin de former, armer et financer ce que l'on appelle aujourd'hui l'EEIL ou l'État Islamique en Syrie, est aujourd'hui une question étalée au grand jour. En Août 2012, un document du Pentagone classé «Secret», plus tard déclassifié sous la pression de l'ONG américaine Judicial Watch, détaillait précisément l'émergence de ce qui est devenu l'État islamique ou l'EEIL, émergeant de l'Etat Islamique en Irak, qui était alors une filiale d'Al-Qaïda.

Le document du Pentagone attestait alors : «... il y a là la possibilité d'établir une principauté salafiste déclarée ou non déclarée dans l'Est de la Syrie (Hasaka et Der Zor), et c'est exactement ce que les puissances soutenant l'opposition[à Assad] désirent, afin d'isoler le régime syrien, qui est considéré comme la profondeur stratégique de l'expansion chiite (Irak et Iran).5 »

Précisément, cette création d'une « principauté salafiste déclarée ou non déclarée dans l'est de la Syrie », correspond aujourd'hui aux territoires occupés par l'EEIL ou EI, ce qui était à l'ordre du jour dans l'agenda de Petraeus, du général Allen et des autres qui à Washington ne rêvaient que de détruire Assad. Voilà ce qui met l'administration Obama en porte-à-faux face à la Russie, la Chine et l'Iran quant à la bizarre exigence américaine quant au départ préalable d'Assad, avant que l'État Islamique ne puisse être détruit. Maintenant, le jeu de chacun est clair pour tout le monde, permettant de révéler la duplicité de Washington soutenant ce que les Russes appellent non sans humour des "terroristes modérés", contre un Président Assad régulièrement élu.

Qu'Israël s'investisse au milieu de ce nid de rats des forces terroristes tuant l'opposition en Syrie, a été confirmé dans un récent rapport de l'ONU. Ce que ce rapport ne mentionne pas, c'est pourquoi les militaires israéliens auraient un intérêt si passionné en Syrie, spécialement concernant les hauteurs du Golan.

Pourquoi Israël veut qu'Assad s'en aille.

En décembre 2014, le Jerusalem Post israélien rapportait à les découvertes d'un rapport de l'ONU détaillé, largement ignoré, mais politiquement explosif, faisant état de nombreuses observations de militaires israéliens aux côtés des combattants terroristes de l'État islamique. La force de maintien de la paix des Nations unies, Force des Nations Unies chargée d'observer le désengagement [FNUOD6 - UN Disengagement Observer Force, UNDOF], en place depuis 1974 le long de la frontière du plateau du Golan entre la Syrie et Israël, a révélé qu'Israël avait travaillé en étroite collaboration avec les terroristes de l'opposition syrienne, y compris le front Al Nusra affilié à Al-Qaïda et l'État Islamique dans le plateau du Golan, et avait « gardé un contact étroit au cours des 18 derniers mois. » Ce rapport fut soumis au Conseil de Sécurité des Nations Unies7.

Ces documents de l'ONU ont donc montré que les Forces de Défense Israéliennes (FDI / IDF) maintenaient des contacts réguliers avec les membres de l'État soi-disant Islamique depuis mai 2013. L'Armée israélienne a déclaré que ce furent seulement des soins médicaux qui furent prodigués à des civils, mais la tromperie fut éventée lorsque les observateurs de la FNUOD ont identifié des contacts directs entre les forces de Tsahal et des soldats de l'EI, y compris par le fait de prodiguer des soins médicaux aux combattants de l'EI. Les observations ont même inclus le transfert de deux caisses de l'Armée israélienne à des forces de l'EI, dont le contenu n'a pas pu être confirmé. En outre, le rapport de l'ONU a identifié ce que les Syriens ont considéré être un « point de traversée de forces entre Israël et l'EI », un sujet de préoccupation de la FNUOD qui fut porté devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies8.

La FNUOD fut créée par la Résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies n°350 de mai 19749, adoptée dans le sillage des tensions d'Octobre 1973 consécutif à la la Guerre du Kippour entre la Syrie et Israël. Il établissait une zone tampon entre Israël et le plateau syrien du Golan, selon l'accord de 1974 sur un Désengagement des Forces [Disengagement of Forces Agreement], devant être régi et sécurisé par les autorités syriennes. Aucune force militaire autre que la FNUOD ne devait être autorisée à l'intérieur de cette zone. Elle compte aujourd'hui encore 1.200 observateurs de l'ONU.

Depuis 2013 et l'escalade dans les attaques israéliennes contre la Syrie le long du plateau du Golan, arguant de la poursuite de "terroristes du Hezbollah", la FNUOD a été soumise à des attaques massives de la part de l'État Islamique des terroristes du front Al Nusra d'Al-Qaïda dans le plateau du Golan, ce pour la première fois depuis 1974 : des enlèvements, meurtres, vols d'armes, de munitions, de véhicules et d'autres actifs de l'ONU, ainsi que le pillage et la destruction d'installations. Quelqu'un ne veut évidemment pas récents FNUOD reste police le plateau du Golan10. Il semble évident ces derniers temps que quelqu'un ne veut pas de la FNUOD assurant la police dans les hauteurs du Golan.

Israel et le pétrole du plateau du Golan.

À l'occasion de sa récente rencontre avec le Président américain Barack Obama, le Premier Ministre israélien Netanyahu a demandé à Washington de reconsidérer sa position, sur le fait que depuis la Guerre de Six Jours de 1967, entre Israël et les pays arabes, Israël occupe toujours illégalement une partie importante du plateau du Golan. Lors de cette réunion du 10 Novembre, Netanyahu a appelé Obama, apparemment sans succès, à soutenir l'annexion israélienne formelle du Golan occupé illégalement depuis lors, en faisant valoir que l'absence d'un Gouvernement syrien en état de fonctionnement « ouvre la porte à une pensée différente [allows for different thinking] » au regard du futur statut de cette importante zone stratégique11.

Bien évidemment, Netanyahu n'a en aucune façon abordé de façon honnête la façon dont Tsahal et d'autres forces étaient bel et bien responsables de cet absence factuelle d'un Gouvernement syrien en état de fonctionnement, ceci du fait de leur soutien à l'EI et au front Al Nusra affilié à Al-Qaïda...

En 2013, lorsque la FNUOD a commencé à documenter et rendre compte des contacts sans cesse plus nombreux entre l'Armée israélienne et l'EI ou Al-Qaïda le long du plateau du Golan, une compagnie pétrolière peu connue basée à Newark, New Jersey, "Genie Energie", possédant une filiale israélienne, "Afek Oil & Gas", à commencé elle aussi à prendre ses quartiers dans le plateau du Golan, afin d'y rechercher du pétrole avec l'aimable permission du Gouvernement Netanyahu. Les ingénieurs militaires israéliens ont entretemps révisé durant la même année, la clôture marquant la bordure frontalière longue de 72 km avec la Syrie, la remplaçant par une barricade d'acier incluant barbelés, capteurs tactiles, détecteurs de mouvement, caméras infrarouges et radars au sol, la mettant au même niveau que le mur construit par Israël en Cisjordanie13.

Curieusement le 8 Octobre 2015, Yuval Bartov, le géologue en chef de cette filiale israélienne de Genie Energy, Afek Oil & Gas, a déclaré à la deuxième chaîne de la télévision israélienne que son entreprise avait trouvé une nappe majeure de pétrole sous le plateau du Golan : « nous avons trouvé une nappe de pétrole de 350 mètres d'épaisseur dans la parti sud du plateau du Golan. En moyenne dans le monde, ces nappes sont épaisses de vingt ou 30 m, celle-ci est donc dix fois plus épaisse, nous parlons ici de quantités significatives13». Comme je l'ai mentionné dans un article précédent, le Conseil consultatif international de Genie Energy comprend des noms célèbres tels que Dick Cheney, l'ancien chef de la CIA et infâme néo-conservateur James Woolsey, Jacob lord Rothschild et d'autres14.

Bien sûr, aucune personne raisonnable et saine d'esprit n'irait suggérer qu'il puisse exister un lien entre les engagements militaires israéliens envers l'État Islamique et les autres forces terroristes anti-Assad en Syrie, spécialement dans le plateau du Golan, et la découverte de pétrole par Genie Energy dans ce même plateau du Golan, pas plus qu'avec ce récent appel de Netanyahu invitant à Obama à "repenser" le statut de ce même plateau du Golan. Ceci sentirait trop la «théorie du complot», et bien évidemment, toutes les personnes raisonnables savent très bien que les conspirations n'existent pas, il n'y a que des coïncidences. À moins que...?

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1 « Israeli Colonel Leading ISIL Terrorists Captured in Iraq », FNA [Fars News Agency - Iranienne], October 22, 2015, http://en.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13940730000210
2 Thierry Meyssan, Clinton Juppé, Erdoğan, Daesh and the PKK, Voltaire Network, 3 August 2015, http://www.voltairenet.org/article188337.html
3 F. William Engdahl, Putin is Defeating More than ISIS in Syria, NEO, Ooctober 15, 2015, http://journal-neo.org/2015/10/15/putin-is-defeating-more-than-isis-in-syria/
4 21CenturyWire, UN Report Reveals How Israel is Coordinating with ISIS Militants Inside Syria, February 19, 2015, http://21stcenturywire.com/2015/02/19/un-report-reveals-how-israel-is-coordinating-with-isis-militants-inside-syria/
5 Judicial watch.org, http://www.judicialwatch.org/wp-content/uploads/2015/05/Pg.-291-Pgs.-287-293-JW-v-DOD-and-State-14-812-DOD-Release-2015-04-10-final-version11.pdf, Tyler Durden, Russia Explains To Clueless US Public Why Obama Can't Defeat ISIS, 18 November, 2015, http://www.zerohedge.com/news/2015-11-18/russia-explains-clueless-us-public-why-obama-cant-defeat-isis
6 http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/undof/
7 Maya Shwayder, « New UN report reveals collaboration between Israel and Syrian rebels », December 7, 2014, http://www.jpost.com/Middle-East/New-UN-report-reveals-collaboration-between-Israel-and-Syrian-rebels-383926
8 Ibid.
9 http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/350%281974%29
10 United Nations Organization, Disengagement Observer Force (UNDOF), http://www.un.org/en/peacekeeping/missions/undof/background.shtml
11 Barak Ravid, Netanyahu to Obama: Syria Disintegration Allows for 'Different Thinking' on Future of Golan Heights, Haaretz, November 10, 2015, http://www.haaretz.com/israel-news/.premium-1.685267
12 Voir l'article précédent de William Engdahl (26 octobre 2015) : « Les génies et le génocide : la Syrie, Israël, la Russie, et beaucoup de pétrole.» http://www.williamengdahl.com/frenchNeo26Oct2015Full.php
13 « Geologist Reports Major Oil Find in Israel; Firm Stays Mum - Genie Oil executive says discovery in northern Israel points to 'significant' quantities » (Haaretz, 8 octobre 2015). http://www.haaretz.com/israel-news/business/.premium-1.679315
14 F. William Engdahl, Genies and Genocide: Syria, Israel, Russia and Much Oil, NEO, 26 October, 2015, http://journal-neo.org/2015/10/26/genies-and-genocide-syria-israel-russia-and-much-oil-2/

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